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Écrit par Administrator   
Lundi, 11 Août 2008 06:00

 

 

Historique du Dma et des usines Peugeot

 

La drôle de guerre, la défaite :

Du 1er septembre 1939, date de la déclaration de guerre, au 15 juin 1940, la Société Peugeot produit 23 833 véhicules (402, 202, DK5), en grande partie destinée à l'Armée Française, des obus 155 mm, des éléments de trains d'atterrissage et une série de divers matériels militaires.

L'usine de Sochaux étant située à 15_km de la frontière, un plan de replie des usines du Doubs jusqu'à Bordeaux est exécuté à partir du 14 juin 1940: un millier de camionnettes transportent le maximum de pièces et de machines pour les mettre à l’abri d'une éventuelle invasion allemande.

Après la défaite de l'armée Française, l'entreprise Peugeot passe sous contrôle allemand dès l'été 1940 ,la production de véhicules particuliers est suspendue.

Le constructeur comme de nombreuses entreprises françaises, est obligé de travailler à l'effort de guerre de l'occupant au mépris des conventions d’armistices .

Le Dma est prêt,mais trop tard...

C'est dans ce contexte trouble que Peugeot achève la mise au point du Dma à partir de mars 1941, son camion léger de 2 tonnes utiles était initialement prévu pour équiper l'armée française, c’est l'armée allemande qui passe commande sous couvert du besoin de ( fausses ) ambulances pour le front russe !

 

La Wehrmacht commandera au moins 13 779 Dma de mars 41 à septembre 44

Dans l'usine, du patron au simple ouvrier c'est à qui réussira à faire baisser la productivité. Tous les prétextes sont bons : manque de matières premières, retard des fournisseurs, pénurie de graisse pour les machines. On cache l'étain, le cuivre, les tôles, les roulements à billes. On se sert d'outils en bois, au lieu d'outils en fonte. Pour faire vivre le plus possible de personnel, on utilise les machines-outils les plus anciennes, à faible rendement. Par rapport à 1939, la production chute de 80 %, de fait la production de véhicules pendant toute la durée de l'occupation ne dépassera pas celle de la période septembre 1939- juin 1940. Non seulement on freine la fabrication mais on sabote les embrayages, on monte des joints de culasse poreux, on glisse des billes dans les ponts arrière, on utilise des alliages qui s'effritent, 60 % des  Dma sont inutilisables une fois les camions arrivés sur le front russe. La Wehrmacht en commandera pourtant au moins 13779 jusqu’en septembre 1944.

Le bombardement:

Dans la nuit du 15 au 16 juillet 1943, trois vagues de bombardiers de la R.A.F., 137 appareils au total lâchent leur cargaison pendant dix minutes, c'est un déluge de bombes. A l'aube, Sochaux et sa banlieue présentent un spectacle de désolation : 120 morts, 250 blessés. La mairie, la poste, plus de 400 logements sont détruits. La RAF a manqué son but. Une trentaine de bombes ont atteint l'usine, l'atelier de mécanique est détruit, la carrosserie et la fonderie endommagées , mais la forge et l'emboutissage ont peu souffert .
Environ 13 919 Dma ont été produit jusqu’en 1943 contre à peine 1390 après le bombardement jusqu’à septembre 1944.

La RAF a en partie manqué son but ,la remise en état de l'usine est estimée a 65 millions de francs.

 

Les Dma de l'usine sont mis à la disposition pour le transport des cercueils des victimes du bombardement.

 

Le pillage:

Le 6 septembre 1944, la première armée Française est au porte du pays de Montbéliard mais Sochaux ne sera libéré que le 14 novembre, l’occupant profite de ce répit pour piller l'usine : chaque jours un train complet part pour l’Allemagne, 1545 machines, 2155 moteurs électriques, 282 soudeuses disparaissent soit 90% du potentiel industriel de l'usine. Toute production est désormais impossible, la totalité des stocks de marchandises dissimulés à la barbe des allemands pendant la guerre est volée: 5500 tonnes de tôles, 3600 d'acier, 720 de fonte, 700 d'acier à outil  qui auraient permis d'assembler 5000 berlines 202 et 3000 Dma.

Chaque jours,pendant 2 mois un train complet part pour l’Allemagne chargé des machines et du stock Peugeot

 

 

La reprise:

En avril 1945 avec le rapatriement des machines de l'usine de bordeaux, l'achat de machines américaines et le retour d'Allemagne de certaines machines volées, l'usine redémarre avec la production de pièces détachées et en septembre de véhicules complets. Mais la pénurie de marchandise se fait sentir, on manque de cuivre, de plomb, d’étain de pneus, de tissus...Les livraisons de matière se font au compte gouttes ,avec beaucoup d'attente et la qualité des approvisionnements est médiocre. En 1946 la construction des Dma représente 52,7% de la production Peugeot, la France manque de camion pour sa reconstruction.

 

Afin de relevé la France plus rapidement par une utilisation optimum de l'outillage et un abaissement des prix de revient, une loi quinquennal (loi Pons) est mise sur pied par le gouvernement ,il s'agit du regroupement de constructeurs et de la répartition de catégories de véhicules  autorisés à la construction.

Peugeot doit s'unir avec Saurer,Latil et Hotchkiss pour produire des camions 2T et 3,5T ,des voitures particulières 6/8cv et des  utilitaires légers.Il est également obligé par les pouvoirs publics d'exporter 57% de sa production à l’étranger pour faire rentrer des devises (1947).

La fin de production:

Peugeot ,partisan du modèle unique et estimant avoir suffisamment contribué à l’effort pour la reconstruction se débarrasse de toute les productions autre que sa nouvelle 203 et abandonne la fabrication des camions Dma  en 1948 et du Q3A  devenus trop rustique en 1950 ,il est remplacé par le D3A de 1400kg lui aussi,issu du Chénard-et-walcker motorisé avec le moteur de la 403 et du diesel Indénor.

sources: - archive Peugeot+ recherche personnel

- Citroên et Peugot dans la reconstruction de J.L Loubet

 

Mise à jour le Samedi, 27 Juin 2015 19:47